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Collectif havrais contre les nuisances sonores
14 juillet 2020

De plus en plus de motards seraient contre le bruit.

Le bruit et la pollution sonore

Augmentation du bruit et de l'intolérance au bruit

Une législation et des normes pour réduire les seuils de bruit ; de plus en plus de motards contre le bruit

Le bruit ! Avant il y avait juste le bruit. Aujourd'hui, on parle désormais de pollution sonore, pour désigner toutes les nuisances sonores, principalement liées aux activités industrielles (des chantiers aux usines voire désormais les éoliennes) et aux transports dans leur ensemble, qu'il soit terrestre, ferroviaire ou aérien, mais pas uniquement. Les routes elles-même génèrent du bruit, ceci conduisant au développement de routes anti-bruit.

Le bruit et la pollution sonore (c) photo : Atul ChoudharyLe bruit et la pollution sonore (c) photo : Atul Choudhary

Ce qui avant était un bruit accepté ou faisant partie de la vie quotidienne devient aujourd'hui intolérable. C'est ainsi que l'horloge du clocher des églises a sonné les heures de jour comme de nuit pendant des siècles avant de se voir interdire dans de nombreuses communes. C'est ainsi que le coq de ferme "Maurice" qui chante le matin est devenu insupportable, conduisant un nouveau propriétaire de maison à l'assigner au tribunal pour le faire interdire. L'intolérance augmente ainsi d'année en année jusqu'au drame. Un riverain de Bagneux excédé par le bruit excessif d'un scooter passant près de chez lui finit par prendre sa carabine et ce qui aurait pu être un "simple coup de fusil en l'air" s'est transformé en un tir potentiellement mortel qui touche un jeune homme de 17 ans et l'envoie à l'hôpital.

Dans cette montée du bruit et de l'intolérance au sens large (Etude "L'inquiétante montée de l'intolérance" - source : CNCDH - 21/03/2013 / Intolerance in Western Europe, RAND Europe 2010), les deux-roues motorisés sont de plus en plus montrés du doigt, souvent à raison, même si cela amalgame tous les conducteurs, du vieux 50 cm3 2T au pot vide à l'échappement non homologué d'une moto récente. Il y a 20 ans déjà, sur les 20.000 verbalisations annuelles pour le bruit effectuées par la Gendarmerie nationale, 11.000 concernaient des cyclomoteurs, 7.700 des automobiles et 1.500 des motos.

Simulation et conséquences

Une simulation réalisée par bruit.fr "démontre" qu'un deux-roues avec un échappement non homologué peut réveiller 10.000 personnes dans une ville comme Paris en une nuit. Un nombre très/trop important, même s'il s'agit d'un simulation (et si on oublie le nombre sans fondement scientifique et juste là pour faire parler de lui annoncé une fois par un élu de 300.000 personnes réveillées en une nuit). Mais ici, même s'il s'agissait de 1.000 personnes réveillées, ce serait toujours trop.

Ceci conduit à une lutte - justifiée - contre le bruit excessif de façon générale, à la fois de la part des élus dans certaines régions allant jusqu'à l'interdiction de certaines routes aux motos.

Qu'est-ce qui a changé ? augmentation du bruit de fond et de l'intolérance

Au-delà de l'augmentation de l'intolérance en général (bruit et autres sujets), l'étude Buxton publiée par la revue Science en mai 2017 a montré que le bruit de fond de l'activité humaine a doublé dans la majeure partie des zones protégées. Le niveau de bruit a augmenté au sens large partout. L'homme est donc exposé à un niveau de bruit plus important au fur et à mesure des années, un phénomène accentué par une sensibilité exacerbée et de plus en plus importante au bruit.

Impact sur la santé : irritabilité et agressivité

Plusieurs études ont démontré l'impact du bruit sur la santé - pas uniquement simplement au niveau de l'audition (suite à une exposition de façon ponctuelle ou prolongée) - avec un effet de stress et un impact sur la santé mentale ainsi que le système cardio-vasculaire et les fonctions biologiques qui en découlent. Le bruit augmente la fatigue ainsi que l'irritabilité, affecte le sommeil... et l'expression du "bruit qui rend fou" prend tout son sens.

Au-delà de l'impact direct sur la santé, le bruit à niveau élevé peut générer de véritables lésions au niveau de l'oreille interne ainsi que des impacts au niveau de l'oreille externe, avec au mieux des acouphènes, au pire la surdité.

Le bruit générateur d'agressivité (c) photo : Andrea PiacquadioLe bruit générateur d'agressivité (c) photo : Andrea Piacquadio

L'observatoire BruitParif évalue même l'impact du bruit des transports au sens large dans son étude ""Impacts sanitaires du bruit des transports dans la zone dense de la région Île-de-France" à 10 mois de vie en bonne santé en moins pour les seuls Franciliens, particulièrement impactés.

14,8% de la population de la zone dense francilienne, soit près de 1,5 million d’habitants sont exposés à des niveaux de bruit des transports qui dépassent les limites réglementaires. Le trafic routier en est le principal responsable.

Plus il y a de bruit, moins on est tolérant. Cette intolérance au jour le jour se transforme en agressivité sur les réseaux sociaux avec des propos haineux et une montée d'un racisme anti-motard pour une minorité de comportements non-excusables mais sans aucune distinction avec une virulence parfois impressionnante, à la mesure en tout cas de la nuisance ressentie.

Impact sur l'économie : des dizaines de milliards

Le coût social du bruit est estimé à 57 milliards d'euros en France (Etude Ademe/CNB 2016). 49 milliards d'euros sont récoltés par la seule taxe sur les nuisances aériennes et affectés à l'aide à l'insonorisation en 2019 (Acnusa - Rapport public 2020). Ces aides à l'insonorisation regroupent aussi bien des subventions de l’Anah que des crédits d’impôt, des éco-prêts à taux zéro ou des aides de collectivités territoriales qui peuvent être attribuées pour des travaux d’isolation acoustique.

Le bruit, c'est quoi ?

Le bruit est lié au son et aux vibrations qui se propagent dans l'air et se mesure en décibels. Les bruits s'additionnent mais pas en décibels. Ainsi, deux sources sonores identiques ne doublent pas le niveau de décibels. Autrement dit, quelques décibels en plus signifient souvent le doublement du bruit perçu par l'oreille. En l'occurrence, le bruit double tous les 3 décibels.

Les seuils en décibels

Une fête foraine est de l'ordre de 90 décibels. Un échappement de moto peut varier de 85 à 98 décibels. Un pub dansant monte à 100 décibels, une discothèque à 105 décibels (limité à 105 db depuis les articles R. 571-25 à R. 571-30 et R. 571-96 du code de l’environnement, créés par le décret n° 98-1143 du 15 décembre 1998). Un concert dépasse les 110 décibels.

Plus le niveau de décibels est haut, moins il faut y être confronté de façon prolongée.

Il est admis que sous les 80 décibels, il n'est pas nécessaire de mesurer le temps d'exposition. Mais il ne faut pas dépasser une heure d'exposition quotidienne à 94 db et pas plus de 15 minutes à 100 décibels.

Le seuil de douleur de l'oreille est à 120 décibels.

Mais 10 secondes même à 100 db en ville en pleine nuit, réveille et a donc un impact négatif sur les citoyens.

Mesures en décibels du bruit d'une moto pour sa réception (homologation) : en dynamique ET en statique

Le seuil de réception d'une moto lors de "l'homologation" est effectué selon la méthode Wide Open Throttle (WOT – gaz ouvert en grand) en dynamique (sur le 3e rapport, à 50 km/h à une distance de 7,5m afin de représenter la manière dont une moto est perçue sur la route et ne doit pas dépasser les 78 dB. Ce seuil est le même pour tous. Une fois que la moto est réceptionnée selon ce critère, il est effectué une autre mesure, en statique cette fois-ci, à 50 centimètres avec un angle de 45° par rapport à l'échappement, dont le résultat en nombre de décibels est indiqué sur la carte grise en U.1.

La distance étant différente, le régime moteur aussi, on obtient deux chiffres différents mais comme c'est la même moto, il y a une correspondance étroite. Ceci explique la différence entre les 78 dB de la norme et celui indiqué sur la carte grise généralement supérieur.

Une législation et des normes de plus en plus sévères

Le bruit est désormais en deuxième position (étude INRETS) des nuisances vécues en ville (après la pollution de l'air, la pollution de l'air étant la première cause de mortalité au monde). Ceci entraîne au fur et à mesure des années à une modification de la législation et des normes pour diminuer l'impact du bruit avec un premier pas avec la loi "bruit" n° 92-1444 du 31 décembre 1992 renforcée par plusieurs lois depuis, jusqu'à l’article L.1336-1 du code de la santé publique et de son décret d’application n° 2017-1244 du 7 août 2017 relatif à la prévention des risques liés aux bruits et aux sons amplifiés, qui inclut désormais les bruits de voisinage. Il y a même désormais une lutte contre le bruit sous-marin, celui-ci perturbant aussi l'écosystème marin.

Les normes évoluent aussi au niveau des deux-roues motorisés avec des niveaux de décibels autorisés en baisse année après année, aussi bien pour les constructeurs avec le règlement européen 168/2013 du 15 janvier 2013 que les fabricants d'échappements avec le règlement européen 134/2014 du 16 décembre 2013. Ces normes sont complémentaires de la norme Euro5 (qui n'apporte rien sur le bruit mais se focalise sur les émissions polluantes). Ceci étant, la prochaine évolution de la norme Euro5b va continuer à définir des seuils de bruits plus bas pour les motos/échappements.

Tous les deux-roues motorisés ont déjà une plaque spécifique sur leur cadre indiquant le niveau d'homologation autorisé, en fonction d'un régime moteur. Le niveau de décibels est aussi indiqué sur la carte grise, devant U.1. Cette plaque ainsi que la carte grise permettent de vérifier lors d'un contrôle qu'ils respectent l'homologation et donc la loi.

Plaque indiquant les niveaux de décibels sur le cadrePlaque indiquant les niveaux de décibels sur le cadre

Le problème, c'est que ce n'est pas parce qu'une moto est homologuée et respecte la loi qu'elle ne fait pas de bruit. C'est souvent le comportement personnel qui va générer le bruit, de la même manière qu'on n'écoute pas la télé après 23h le soir de la même manière qu'en journée. La très grande majorité des motos sont capables de traverser en silence une ville en pleine nuit, en roulant à 2.000 tr/mn sur le dernier rapport. Mais comme partout, une minorité oublie que vivre en société, c'est penser aux autres et pas uniquement à soi. Et une moto se déplaçant dans la ville dérangera plus de monde aux mains d'un irrespectueux qu'un poste de télé d'un voisin.

Les évolutions à venir

On l'a vu, la norme Euro5b va encore réduire les seuils d'émissions de bruits des motos. Des seuils qui vont être appliqués à la fois par les constructeurs de motos et les fabricants d'échappements, qui comme Akrapovic ont confirmé respecter aussi bien les normes CE que ECE, aussi bien pour les échappements d'origine que de remplacement.

La loi va dans la bonne direction et ce à plusieurs niveaux.

Ainsi avant, la norme mesurait un échappement neuf, dont le catalyseur pouvait mourir au bout de 10 km et faire beaucoup de bruit très rapidement. Dans la nouvelle norme, le catalyseur doit être garanti pour la durée de vie. Et les contrôles permettant de vérifier que la norme est respectée vont se faire au bout de certaines durées d'utilisation et pas uniquement lors du matériel neuf. On parle également d'obligation de changer les matériaux intérieurs garantissant l'absorption du bruit au bout d'un certain nombre de kilomètres ou de durée, de la même manière qu'on conseille de changer son liquide de système de freinage au bout d'un certain temps.

Les échappements vont donc continuer à faire de moins en moins de bruit dans les années à venir, aussi bien ceux réalisés par les constructeurs de motos que les fabricants d'échappements.

Mais encore une fois, certains comportements doivent aussi évoluer.

Mesures

Les mesures de bruit effectuées par les forces de l'ordre sur les deux-roues sont effectuées avec un "sonomètre de précision", de qualité au moins égale à celle de la classe 1, selon la publication CEI n° 651, véhicule à l'arrêt, dans un environnement ne présentant pas de perturbation importante (on évite de contrôler le bruit d'un deux-roues s'il y un marteau-piqueur à côté). Le sonomètre doit être à 0.5 mètres de l'orifice de l'échappement et à 45° par rapport à la sortie de l'échappement. Il doit être effectué via trois mesures successives dont l'écart entre chacune ne doit pas dépasser les 2dB. Et c'est la valeur la plus élevée qui est retenue. En fait, les conditions de mesure sont bien plus importantes que ces quelques lignes (on fait court).

Ce sont ces mêmes mesures qui sont effectuées sur les circuits et auxquels sont soumis les motos en compétition.

Le problème, c'est que les décibels ne mesurent pas tout et notamment la fréquence. L'oreille humaine perçoit les fréquences entre 20 et 20.000 hertz (des informations similaires à celles indiquées sur les casques audio, certains allant bien en-deçà et au-delà). Mais l'oreille est plus sensible (ou agressée) par certaines fréquences que d'autres. Mais globalement, baisser les décibels permet de diminuer la nuisance sonore. D'où l'intérêt de l'évolution des normes.

Code de la route

Concernant les deux-roues, les article R321-4 et R321-5 du Code de la route encadrent les échappements d'une part et le niveau sonore d'autre part. Ces deux articles permettent de sanctionner aussi bien le défaut de dispositif d’échappement, le dispositif d’échappement non homologué, l'utilisation d’un échappement modifié qu'un comportement anormalement bruyant (du type des coups de rupteur qui font c***r tout le monde).

Ceci peut aller jusqu'à l'immobilisation du véhicule (article R318-3 du Code de la route).

L'amende minimale est de 135 euros. Dans tous les cas, l'amende est complétée par l'obligation de revenir présenter son véhicule pour un contrôle prouvant que le véhicule est désormais conforme.

Les sanctions

Les taxes ont été les premières mesures prises contre le bruit permettant de récolter des fonds utilisés pour la lutte contre le bruit.

Concernant les deux-roues, les contrôles augmentent de plus en plus (notamment dans les grandes agglomérations comme Paris), jusqu'aux radars anti-bruit avec des contraventions à la clef. 20.000 contraventions sont ainsi dressées chaque année, un nombre en augmentation grâce à l'augmentation des contrôles.

Ceci peut aller jusqu'à une sanction pénale (article R623-2) qui réprime le bruit troublant la tranquillité et tout comportement anormalement bruyant avec une contravention de 3ème classe pouvant aller jusqu'à 450 €. En cas de récidive, les contraventions peuvent aller jusqu'à des contraventions de 5e classe dont le montant est doublé.

Qui est pour le bruit ?

On commencera pas dire qui est contre. Au Repaire des Motards on est contre mais c'est aussi le cas de la FFMC :

La position officielle de la FFMC découle de ses valeurs, en faveur du respect d'autrui : la liberté individuelle s'arrête à la liberté collective

La FFM travaille dans la même direction lors des compétitions sportives. Même sur circuits, il y a un contrôle du bruit des échappements, que ce soit pendant les compétitions sportives ou les roulages, avec des limites à 95 dB en statique et 100 dB en dynamique, sans tolérance. Les motos (ou autos) ne respectant pas ces niveaux de bruits sont tout simplement interdites de rouler. La FFM a également validé déjà il y a dix ans des réducteurs de bruit pour les motos.

Qui est pour ? Ceux qui pensent qu'un échappement bruyant peut avertir de leur arrivée et les protéger des accidents "loud pipes save lives") et notamment des automobilistes qui oublient leur clignotant, décident de tourner au milieu de la route sans prévenir. Il y a ceux qui sont sensibles à un beau bruit de moteur ou d'échappement, au même titre que les automobilistes qui apprécient le son d'un V12 et font vrombir leur moteur.

Et oui, un beau bruit peut participer au plaisir de conduire une moto... mais pas au détriment du plaisir de l'autre à pouvoir apprécier un dimanche dans son jardin (et les autres jours aussi) ou une nuit à pouvoir dormir de façon paisible.

Méditation dans le jardin (c) photo : NatalieMéditation dans le jardin (c) photo : Natalie

Conclusion

Au global, de plus en plus de motards sont contre le bruit, même si certains cherchent encore aujourd'hui une excuse comme pour se dédouaner. Un certain nombre sont en train de prendre davantage conscience de l'impact du bruit sur les autres et modifient leur comportement. Et il y a encore une minorité auxquels certains refusent la définition de motard qui ne respectent pas les autres.

En tout état de cause, la société évolue. Ce qui était accepté, éventuellement compris et toléré il y a quelques années ne l'est plus. La simple gêne s'est transformée en agressivité et en "guerre" entre catégories de citoyens.

L'issue de cette évolution est déjà toute tracée : ce ne sont pas ceux qui feront le plus de bruit qui gagneront.

Donc, même ceux qui en font encore doivent se résigner. Autant faire moins de bruit aujourd'hui que d'être interdit partout demain, de façon plus généralisée, ou réduits à utiliser uniquement des véhicules électriques n'émettant aucun bruit.

Bref, doux sur la poignée pour rouler en ville calmement et sur le sixième rapport sans faire de bruit sera dès maintenant un grand tour de roue pour la sérénité et la bonne santé - mentale entre autre - de tout le monde et bien sûr avec des échappements homologués en évitant le "full barouf". Ceci afin de partager notre monde et pas juste la route ensemble.

Plus d'infos sur le bruit
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Commentaires
Collectif havrais contre les nuisances sonores
  • Les automobiles sont de plus en plus silencieuses et les motos sont normalement respectueuses des normes sonores tolérées. Malheureusement quelques motards se font plaisir en faisant un maximum de bruit.
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